Verrouillage de la seleção

En fonction des résultats en dents de scie de la Seleção, le président Lula s’est dit favorable au fait que le sélectionneur privilégie les joueurs qui évoluent au pays. Si ce souhait venait à se mettre en place, les rapports de force qui régissent le football mondial seraient remis en cause.

Le verrouillage des sélections, sud-américaines tout particulièrement, a toujours été un sujet sensible, car si on parle de verrouillage des sélections, on pense automatiquement à deux pays. L’Argentine et le Brésil, grands producteurs de joueurs de qualité dont beaucoup officient dans les clubs européens, les plus huppés.

Depuis trop longtemps, des présidents de clubs européens s’imaginent dans les rues de Manille dès qu’il s’agit d’aller se payer le dernier prodige argentin, brésilien ou uruguayen qui déploie son talent naissant sur les pelouses de son pays.

La question du verrouillage de la sélection est apparue à la fin des années quarante en Argentine. Alors que le président Juan Perón s’est engagé auprès du syndicat des joueurs, car il est désireux d’entamer des réformes dans le football argentin, il est pris par surprise par le déclenchement d’une grève des joueurs qui réclament des aménagement portant sur la libre contractualisation des joueurs et d’un salaire minimum plancher, sans aucun plafond, ce que Perón partage.

S’estimant trahi, Juan Perón laisse pourrir la situation. Après quelques mois, c’est Eva, son épouse, qui entame, du fait de ses connaissances dans le monde du football argentin, dont le président de l’AFA Oscar Nicolini, qui est un ami, différentes consultations entre les deux parties, clubs et joueurs.

Un terrain d’entente est finalement trouvé et approuvé par l’ensemble des protagonistes. Le syndicat des joueurs à obtenu dans les grandes lignes ce qu’il voulait, cependant, le président Perón ajoute une recommandation qu’il avait déjà manifesté lors de sa prise de pouvoir. Tout joueur qui porte le maillot de l’albiceleste doit jouer au pays. En retour, tout joueur est libre de jouer à l’étranger s’il estime que les conditions économiques sont meilleures pour exercer sa profession. Si l’homme fort du pays joue sur la fibre patriotique, il pense à autre chose…

Perón qui est un libéral au sens réel du terme sur certains aspects, rechigne à fermer les frontières aux footballeurs et approuve le nouveau statut social des joueurs. Cependant, il verrouille l’accès à la sélection, car il a compris avant tout le monde que le football de sélection et celui de club ne poursuivent pas le même but commun.

En fait, le football de club a un besoin vital de faire briller ses joueurs en sélection pour les valoriser ensuite sur le plan international. Or, quand les joueurs argentins évoluent à l’étranger et que la sélection l’emporte, ce sont les clubs étrangers qui profitent de cette surexposition par l’image et le résultat des joueurs qu’ils ont sous contrat. Lors de la chute du président Perón en 1955, le déverrouillage de la sélection ne traine pas et quelques stars du football argentin rejoignent des clubs européens qui leur offrent des fortunes, pouvant ainsi jouer en Europe et participer aux grandes épreuves internationales avec l’albiceleste.

Au Brésil, point de verrouillage de la sélection après-guerre, il faut parler d’accord tacite, d’encouragement à faire jouer uniquement les locaux lors des phases finales de Copa América et de Coupe du monde. C’est avec des effectifs composés exclusivement de joueurs locaux que le Brésil a performé et aligné ses plus belles équipes.

Les gouvernements brésilien et argentin devraient taxer violemment tous les clubs européens acheteurs de joueurs locaux. Car garder ses meilleurs joueurs pour un championnat, c’est augmenter massivement les droits télé, provenant de l’étranger, ainsi qu’un tas d’autres revenus annexes.

Maintenant, le verrouillage des sélections est inapplicable. Dans le projet mondialiste que pilote la FIFA et ses partenaires financiers, les sélections doivent disparaitre et laisser la place au club mondialisé, étendard des villes monde d’où le futur mondial des clubs.

La sortie de Lula sur cet épineux sujet est un coup de pression sur le sélectionneur et les joueurs expatriés. Lula est un socialo-marxiste, internationaliste et mondialiste. Il ne pense pas ce qu’il affirme, comme le reste des acteurs du football brésilien, il a œuvré à sa lente destruction.