Rioplatense
Les espaces de jeu qui se définissent par l’absence de toutes formes de réglementation n’ont jamais été des gages de réussite pour tout apprenti footballeur. C’est une erreur de croire que le football pratiqué dans des zones qui ne s’apparente pas à des terrains de jeu enfante des joueurs plus doués sur le plan technique notamment. En fait, les espaces non réglementés ont toujours été un terrain fertile pour permettre à de jeunes pratiquants de développer le sens du jeu.
Le système académique ne reconnaît pas les dispositions naturelles développées par de jeunes joueurs dans des espaces non réglementés et encadrés humainement. Ce qui explique l’apparition du foot-salle, notamment. Une manière pour l’apareil de contrer le football de rue.
La plupart de ses jeunes sont écartées lors des stages de détection par l’ensemble des centres de formation des clubs professionnels. Le critère physique est devenu la norme dans la quasi-totalité des clubs sans parler du reste. Or, les jeunes joueurs actuels ainsi que les vétérans qui évoluent sur l’ensemble des terrains de Ligue I & II, ne possèdent aucun sens du jeu.
Si le manque de technique est un élément qui peut tant bien que mal être corrigé, la qualité des terrains et le matériel employé de nos jours n’ont plus rien de commun avec le passé, l’absence de compréhension en matière de jeu est bien plus problématique. C’est là qu’intervient le formateur qui inculque aux jeunes apprentis, le “sens du jeu”.
Cependant, les subtilités du jeu ne s’enseignent pas dans un centre de formation. C’est un apport que l’on cultive quand on est au stade de l’adolescence dans un espace libre, sans contrainte tutélaire.
Ce grand chambardement intervenu il y a plus d’une quarantaine d’années (bien avant dans d’autres pays) et qui a profondément transformé le monde du football et du sport en général, explique en partie la pauvreté du jeu de nos jours et l’apparition en masse du footballeur robotisé dilué dans un football générique. Chaque nation est atteinte par ce virus…
En France, l’appareil d’obédience socialo-marxiste a toujours dénoncé le “joueur de rue” comme une anomalie, un jeune qu’il faut sèchement rééduquer. Une des principales pathologies du marxisme est le rejet du talent, car associé à l’autonomie.
L’appareil considère qu’il est seul et unique juge à déceler le potentiel et à le faire fructifier. Le système académique n’a eu de cesse de se dresser contre les règles naturelles du jeu. Il s’est investi à réduire et à castrer l’influence du jeu pratiqué par des adolescents dans des surfaces non codifiées, détruisant ainsi, l’éclosion de futur talent…et le talent, tout court.
En matière de football, le style nous renvoie à une perception visuelle du jeu. Technique et expression. La pensée nous emmène sur d’autres voix. Celle de la prise de décision, de l’instantané, de l’autogestion. Cette autonomie dans le jeu se résume à un qualificatif, le style rioplatense. Une pensée du jeu qui s’est développé essentiellement en Amérique du Sud sur les bords du Rio de la Plata, avec Montevideo et Buenos Aires comme terre d’action.
Fait majeur
Il est impératif de dissocier le style, la “nuestra”, de la pensée, le rioplatense quand on évoque un football jouer par certaines équipes de clubs et les sélections uruguayenne et argentine durant presque un demi-siècle, même si les Argentins par le biais de leurs médias mélangent les deux, allégrement. Une distinction que rechignent à faire aussi, écrivains et spécialistes du football en Europe.
Ainsi la formation de River Plate des années quarante est présentée par les sachants comme l’expression aboutit de la nuestra, une équipe digne représentente du football rioplatense, alors qu’elle en est l’antithèse !
Cette équipe de River Plate se caractérisait par un jeu mécanique, programmé, pensé à l’avance où la créativité et l’autogestion n’avaient pas leur place. Le Barca des années Xavi, Iniesta et Messi, bien avant l’heure. Un style générique avec des variantes à volontés qui s’est imposé aux quatre coins du monde.
De nos jours, l’autonomie, l’autogestion, et la créativité dans les clubs et sur les terrains de football n’existent plus. Il y a bien longtemps que les sécateurs, actionnaires de clubs et entraîneurs issus des appareils d’État, ont gagné la partie.
Tout ça n’est pas bien grave, les Émiratis, les Chinois et le reste payent sans rien comprendre, la presse fait ses affaires et les générations Netflix sont comblées.