La question des fonds US
En matière de football, il y a l’actualité des clubs, des joueurs, des supporteurs, des compétitions, des transferts, il y a aussi désormais un fait récurrent qui s’est propagé dans le monde du football professionnel, l’intrusion des fonds spéculatifs US dans le domaine de la propriété des clubs de football. Chaque semaine les médias dévoilent l’intérêt d’un fonds US pour un club français ou étranger ou bien le fait qu’un fonds US décide de se retirer et de transmettre la dette du club à un repreneur.
Prise de guerre
Les fonds spéculatifs US se fondent dans l’économie états-unienne après la fin du premier conflit mondial. Les législateurs ont rendu la chose possible après maintes contributions (corruption) venant de Wall Street.
La création de ses fonds a été rendue possible suite à une réorganisation de l’économie nord-américaine, après le démantèlement de la Standard Oil, grandement facilité par l’activité sous-jacente des cartels bancaires de la côte Est.
Avec le basculement de l’empire Rockefeller dans le maillage de la finance new-yorkaise, le besoin de créer des fonds dont chacun détient un pourcentage de l’autre devient une nécessité pour construire, solidifié et sauvegardé un grand capital de connivence, s’articulant autour de réseaux tout en menant une guerre de haute intensité contre les anarcho-capitalistes dont Henry Ford en tant qu’entrepreneur social est le symbole.
Quatre-vingts ans après, il ne reste plus aucun entrepreneur indépendant dans les hautes sphères de l’économie US. Seul, demeure le principe de la toile d’araignée, c’est la loi du dividende, enrichir l’actionnaire au détriment du travailleur, producteur de richesse, une pure émanation de la gauche du capital !
Bien avant l’arrêt Bosman
Ceux qui pensent que le football à changer en mal depuis l’arrêt Bosman oublie ou bien ignore que la standardisation du joueur en lieu et place du talent pour activer la valeur d’échange fictive intervient juste avant l’arrêt Bosman.
Les championnats belge et néerlandais sont les premiers à ouvrir les portes à des investisseurs de toutes sortes. Les petits et moyens clubs sont particulièrement visés. Rapidement, l’ensemble de ses entités sportives connaît le même destin. Des centres de formations fermés et place aux arrivées et aux départs massifs.
Peu à peu, les autres championnats sont confrontés à la même dérive. En Espagne, le gouvernement socialiste fait voter une loi sur le financement du sport. Les clubs détenus par les socios doivent s’ouvrir au privé et au capital transnational. Où qu’il se trouve, le parti de l’étranger n’oublie jamais d’entretenir ses maitres. La droite aussi. Une décennie plus tard, les petits et moyens clubs ont commencé à être touchés, puis, coulé par une armée d’investisseurs véreux.
On note, dans tous les cas, que seuls les clubs de deuxième ordre sont convoités, puis, une fois achetée, mis à disposition de réseaux maffieux. Ses dernières années, les fonds US ont commencé à faire main basse sur les clubs huppés, sans parler de ceux qu’ils contrôlent au moyen de la banque. La boucle est bouclé.
Révélateur
Lors d’une rencontre de championnat concernant le club de Lyon la saison dernière, on observe sur une vidéo les dirigeants du club rhodanien Jean-Michel Aulas et John Textor parler de la composition de l’équipe. L’américain se fout de savoir qui joue, il ne parle que de la disposition tactique de l’équipe.
Pour l’investisseur yankee, tout se vaut, le talent ne concerne que quelques joueurs qui sont passés entre les mailles des filets. Le travail qui a consisté à tuer toute singularité en matière de jeu, et à éliminer le talent a été fait en amont. Désormais, il n’est plus question que de commissions et de rétro commissions, de prime à la signature, de primes de matches, présence sur le banc, de rétro primes, de bonus en fonction de statiques individuelles, de rétro bonus, de frais de représentation, de primes d’objectifs, etc…
Ils ont imposé leur capitalisme, shooté à la valeur d’échange fictive. Enfin, ils peuvent aussi diluer leur venin idéologie au travers de leur mode capitalistique. En finir avec la représentation identitaire. Wall Street ne fait jamais les choses à moitié. Certes, si on analyse en détail l’action de ses fonds US dans l’industrie du football, les résultats économiques sont passable. Néanmoins, une place conquise est une façon pour ses structures financières d’empêcher toute opposition non contrôlée qui pourrait s’avérer gagnante.