Doris Hart, une question de style et de courage

1948, San Francisco. Sur les docks de la cité californienne, un paquebot la compagnie maritime Matson, largue les amarres. Destination, l’Australie. Le voyage est long, cependant la jeune joueuse de tennis Nord-américaine Doris Hart n’a pas entrepris le voyage pour rien. Trois semaines plus tard, dominatrice durant tout le tournoi, elle dispose en finale de la championne australienne Nancye Wynne Bolton, quintuple vainqueur du tournoi sur la marque de 6/3 6/4. Après de multiples déconvenues, la jeune Américaine savoure ce moment particulier pendant quelques jours en découvrant les charmes de la ville d’Adélaïde…

Née en 1925 dans l’État du Missouri,  Doris Hart est diagnostiquée dès son plus jeune âge d’une ostéomyélite, une maladie des os. Le pire est envisagé par les médecins. Néanmoins, à force de courage, la jeune Doris surmonte son handicap. La découverte du tennis alors qu’elle est âgée de six ans agit comme une sorte d’antidote à ses problèmes physiques.

Adolescente, elle participe à ses premiers tournois. Débarrassé de ses problèmes osseux qui ont tant miné son enfance, elle s’aligne dans des tournois d’un niveau supérieur.

Lors de ses premiers pas sur le circuit amateur, Doris Hart se considère un peu limité en simple dames, pour améliorer son jeu, elle multiplie les associations en double dames et mixte. Doris Hart affiche une excellente combinaison. C’est en double qu’elle gravit rapidement les marches qui mènent au sommet.

Coup droit, revers, service, volée, elle affiche un jeu complet, néanmoins, elle traine les séquelles de son enfance. Elle n’est guère rapide dans ses déplacements. Parfois lente et empruntée, elle compense par un sens tactique aigu, mise au point durant ses jeunes années à taper dans la balle tout en combattant son infirmité. Sa passion pour la balle jaune a impacté toute sa famille dont son frère cadet qui a fini par développer des qualités intéressantes au point d’intégrer, lui aussi, le circuit amateur.

Après une série de défaites en double dame lors du tournoi U.S. National Championships, rebaptisé plus tard, US Open, elle traverse l’Atlantique en 1947, et  s’impose dans le temple de Wimbledon en double dames. C’est une sorte de déclic.  Derrière, elle enchaine finale sur finale en simple et dans les deux doubles. En quelques années, Doris Hart se construit un palmarès éloquent, malgré une concurrence faite de joueuse de son calibre. En 1955, elle se retire du rang amateur et intègre le circuit professionnel.

Jeu

Doris Hart était une joueuse de son temps. Son service était avant tout une simple remise en jeu, bien que sa première balle fût travaillée. Son coup droit constituait son point fort. Exécutée à plat, elle mettait le plus souvent ses adversaires en difficulté.

Son revers était multiforme. Chopé, slicé, coupé, elle s’adaptait au gré des échanges. Un revers avec lequel elle pouvait déborder ses opposantes. Elle ne montait guère au filet du fait de sa difficulté à se baisser sur les balles basses. En double, elle collait au filet, contournant ainsi son handicap.

Si Doris Hart, malgré certaines limites, réussi à se tailler un palmarès impressionnant en quelques années, elle le dut aussi à sa connaissance du jeu, de ses concurrentes et de sa lecture du jeu, et a une foi indestructible, le fait d’avoir vaincue sa maladie.