Confrontation inutile
Dimanche dernier, la presse mainstream s’est épargné à faire un parallèle entre deux manifestations sportives de dimension planétaire. Le premier opposait dans le cadre de la finale du mondial des clubs de football, Chelsea champion d’Europe et Palmeiras champion d’Amérique du Sud. De l’autre, la finale du Super Bowl mettant en scène les Los Angeles Rams et les Cincinnati Bengals.
Certes, le Super Bowl est une rencontre qui oppose deux équipes de football US dans le cadre d’un évènement nord-américain, néanmoins le football US possède assez d’audience dans le monde pour être considéré comme une manifestation sportive planétaire.
Pour avoir regardé en demi-teinte les deux évènements, le constat est édifiant. C’est un fait récurent, la compétition organisée par la FIFA n’intéresse que les supporters des deux clubs. L’ensemble des amateurs de football se désintéresse de cette rencontre annuelle. Ce mondial des clubs est un échec cuisant que les gens de la FIFA s’efforcent de minorer, voire d’ignorer. Une rencontre disputée en Arabie saoudite, sans émotion, un mauvais spectacle avec une émotion surjouée chez certains protagonistes du jeu, le pire du football. De l’autre, l’Entertainment à l’américaine, le grand show avec une couverture médiatique digne d’une élection présidentielle et l’ensemble du pays scotché au petit écran.
Il suffit de regarder une finale de Super Bowl et une finale de coupe d’Europe des clubs champions pour constater que ses deux évènements sportifs n’ont rien de commun. Or les gens de la FIFA en manque d’idées courent désespérément après ce que proposent les gens de la NFL. Le football US présente des avantages considérables pour le marché publicitaire à travers la télévision. Certes, il se présente par l’absence de publicité au tour du terrain du fait de la présence massive des joueurs de champs, de leurs remplaçants, du staff technique et médical et du corps arbitral. Il en est de même des maillots des joueurs.
Les gens de la FIFA rêvent d’un football qui ressemble trait pour trait à ce que propose la NFL. Stades en mode opéra, subdivision du public, loges, grand écran, tribune VIP, jeu arrêter pour exploiter dans ses moindres ressources les recettes publicitaires, néanmoins les États-Unis sont un vaste territoire et guerre monolithique sur le plan culturel. La NFL malgré la présence de personnes toxiques à la tête de certaines franchises a toujours fait en sorte de sauvegarder cette diversité. On joue dans des stades climatisés avec des pelouses synthétiques, on joue aussi dans des enceintes non couvertes et sur des pelouses naturelles, et parfois avec des températures qui descendent au-dessous de zéro degré Celsius. Convoité puis enrégimenter par les promoteurs du mondialisme, le football a perdu son esthétisme et sa diversité, là où les gens de la NFL n’ont presque rien concédé.
Cela fait déjà plus d’une vingtaine d’années que les administrateurs de la FIFA et l’UEFA courent derrière la surpuissante NFL. Étrange attitude, du fait que la FIFA est un organisme de régulation qui couvre par ses activités l’ensemble des cinq continents, le tout symbolisé par sa coupe du monde de football, alors que la NFL est un syndicat qui regroupe trente-deux propriétaires de franchise de football US.
Les gens de la FIFA pensent évidemment à la création d’une future ligue mondiale des clubs, le grand objectif d’Infantino et ses amis à terme avec un format qui ressemblerait trait pour trait à celui de la NFL.
Cependant, on ne peut juxtaposer le soccer et le football US, car si on peut modifier le fait culturel pour les besoins du marché, on ne le peut reprogrammer. C’est un problème que cherche à ignorer Infantino et ses amis, raison pour laquelle, ils s’échinent chaque jour qui passe à détruire sur l’autel du progressisme un fait culturel ancré dans bien des pays.
Or, c’est par cette volonté affichée à l’image d’un Agnelli de ne pas reconnaître le football en tant qu’acteur culturel dans les sociétés, qu’en définitive, le projet de ligue mondiale des clubs de la FIFA explosera en plein vol, malgré le soutien des générations codes-barres…