Classe et légèreté
En position sur le côté droit de l’attaque des gunners, Charlie Nicholas intercepte un ballon puis par un crochet élimine, un défenseur de Tottenham passe en revue la défense des Spurs à l’arrêt, dribble le goal et glisse en douceur le cuir au fond des filets. Un tel but résume le joueur qu’était Charlie Nicholas, sobre, élégant, le tout empreint d’une certaine légèreté dans son jeu……
C’est au Celtic que ce natif de Glasgow entame sa carrière de footballeur en 1980. En quatre saisons, il fait rapidement parler de lui avec son look pour midinette et son jeu chatoyant. Explosif, il marque une cinquantaine de buts lors de sa dernière saison chez les vert et blanc, et il débute en sélection. Les propositions venant d’Angleterre affluent, Liverpool et Manchester United sont très intéressés par sa venue, mais finalement, il opte pour Arsenal.
Arsenal débourse 800 000 £ de l’époque pour s’offrir les services du jeune écossais. Associer entre autres à Tony Woodcock au sein de l’attaque des gunners paradoxalement, la formule ne prend pas. Nicholas perd de sa flamboyance chez les pensionnaires d’Highbury. La faute sans doute à une vie sociale plutôt diluée. Dans le grand magma de la City, Nicholas, désormais surnommé Champagne Charlie, prend la mauvaise habitude de se faire constamment remarquer à la rubrique des colonnes des journaux à fort tirage consacrée au people.
Pourtant, il a sans cesse cette ressource de réagir et de mettre ainsi le public dans sa poche quand son image commence à sérieusement se gâter dans les tabloïds. Ses buts, bien souvent, sont des modèles du genre, ils révèlent notamment un joueur pourvu d’un sacré flair aux abords des dix-huit mètres, il n’a rien à envier aux plus grands prédateurs. Sa technique en mouvement et son toucher de balle donnent l’image d’un acteur du jeu pourvu d’une certaine facilité, mais Nicholas ne cherche pas à aller plus loin, et vit sur ses acquis. Plus tard, un joueur comme David Ginola produira cette même image.
Malgré l’addition de multiples talents, Arsenal ne réalise rien de probant, seule une victoire en coupe de la ligue en 1987 face à Liverpool où Charlie inscrit les deux buts des rouges et blancs, cela met tout de même un peu de baume au cœur des fans d’Highbury.
La saison suivante voit l’arrivée de George Graham, un ex de la maison au profil de général qui préfère l’efficacité au jeu spectaculaire. D’emblée, il prend Nicholas en grippe et le relègue rapidement sur le banc de touche. Charlie Nicholas ne met pas longtemps à trouver un club. Six mois plus tard, il signe pour Aberdeen et sa fraîcheur, comme si l’envie de se désintoxiquer de la vie londonienne était une urgence.
Installé dans le nord de l’Écosse, il retrouve tout doucement la forme et marque de nouveau. Deux ans plus tard, le Celtic Glasgow et Nicholas se retrouvent pour une nouvelle relation qui va durer cinq années. Au Celtic Park, il finira sa carrière en douceur, cependant, alors que tout le monde pense qu’il va raccrocher les crampons, il bifurque pour Clyde et une dernière saison, parfois, il n’y a rien de mieux que l’anonymat pour se faire un peu plaisir une dernière fois…
Pour beaucoup d’observateurs, il restera du parcours de Charlie Nicholas un joueur pétrit de talent qui a gâché sa carrière, mais peut-être que l’écossais était sans doute trop soliste, trop technique et pas assez discipliné pour passer la vitesse supérieure. Que ce soit à Liverpool où il a failli signer ou à Arsenal, Nicholas n’était pas vraiment en position de s’assimiler dans ces formations anglaises devenues trop tactiques à cette époque.
Aujourd’hui Charlie comme tant d’autres de ses condisciples est consultant pour la chaîne SKY sport.