Joachim Löw, l’évolution impossible
Alors que l’Allemagne était présentée comme favorite face à l’équipe de France dans le cadre de la deuxième demi-finale de cet Euro-2016, le onze de Joachim Löw a bu la tasse pour s’incliner sur la marque de deux buts à zéro. Cette défaite pour qui connaît un peu le jeu allemand n’est pas une réelle surprise, petit retour en arrière….
C’est bien avant le mondial disputé en 2006 à domicile que les instances dirigeantes du football allemand décident d’entreprendre la reconstruction de la nationale-mannschaft. Jürgen Klinsmann est nommé au poste de sélectionneur, il prend pour adjoint Joachim Löw, un jeune entraîneur qu’il a rencontré alors qu’il passait ses diplômes pour coacher la sélection à terme.
Alors que Klinsmann s’installe dans ses nouvelles fonctions, le nouveau sélectionneur de la mannschaft proclame haut et fort que le jeu produit jusqu’alors par le onze germanique, c’est fini. Klinsmann promet d’apporter de multiple évolution en matière de jeu et faire place à une sélection aux accents multiculturels.
Le mondial ne confirme pas ses changements, Löw prend la suite et poursuit le même chemin. La mannschaft aligne quelques succès, elle dispute la finale de l’Euo-2008, et remporte la Coupe du Monde au Brésil en 2014. Hormis la farce du Mineirão, l’Allemagne n’a guère été impressionnante lors de toutes ses sorties. La question est le pourquoi de cette mystification ? De nos jours l’image à tendance à se substituer à toutes formes de réflexion. Cette nouvelle mannschaft qui n’a jamais existé est une pure invention des politiques et des médias institutionnels Allemands dans le but de vouloir diffuser à travers sa sélection, une nouvelle image du pays, or, la nationale – mannschaft des années trente était déjà en mode multikultu.
L’éclosion du football allemand au plus haut niveau est tardive, le miracle de Berne en 54 contribue à lancer les bases futures de ce que sera le jeu de la sélection. Douze ans plus tard, l’Allemagne dispute la finale de la coupe du monde en Angleterre, à partir de cette date, la formation teutonne est rarement absente du dernier carré lors des phases finales de coupe du monde et Euro. Le jeu de la sélection allemande repose sur des principes élémentaires. Chaque joueur est sélectionné en fonction de ses qualités techniques et physiques et sa propension à se soumettre en totalité aux efforts demandés et à se sacrifier pour ses coéquipiers, on ne plaisante pas avec ce dernier paramètre chez les techniciens en charge de la sélection.
La force depuis toujours de la mannschaft réside dans son organisation de jeu, chaque joueur est une pièce d’une mécanique sophistiquée. Klinsmann et Löw ont essayé d’alléger la lourdeur du jeu allemand par une transmission plus rapide de la balle vers l’avant, mais cette « révolution » avait déjà été entreprise. La vraie nature du jeu allemand apparaît quand la sélection se trouve à l’arrêt victime d’une défaillance intérieure, durant ses périodes, toute la mécanique se grippe et accouche d’un jeu stéréotypé.
C’est ce scénario qui s’est produit à Marseille récemment lors de cette demi-finale de l’Euro. Privé d’un attaquant axial, la formation de Löw s’est pris les pieds dans le tapis durant quatre-vingt-dix minutes alors qu’elle était largement supérieure à son adversaire. La machine de Joachim Löw n’a pas réussi à trouver la solution, car il n’y en avait aucune à disposition.
Le jeu allemand est systématique, aucune place n’est laissée à la créativité, point de plan B chez les casques à pointes. Les formations coachées par Löw évoluent sur le même registre que leurs devancière, discipline, soumission, technique et aptitude physique à dominer l’adversaire, ses quatre ingrédients sont la base du jeu allemand et Löw s’est bien gardé de modifier un de ses quatre aspects, seules ses tenues vestimentaires ont donné un coup de fraîcheur à la sélection… Le jeu allemand est condamné à ne pas évoluer ce qui n’est pas un mal en soi – pour eux – car le jour où il cédera sur les bases qui ont fait son succès et sa renommée à travers le monde, alors la tant redouté mannschaft rentrera dans le rang…