Trading football, une vieille histoire

S’il y a un aspect qui fait consensus sur la toile internet concernant le monde du football professionnel, c’est la question du trading. Pas un seul site, pas un seul journal, pas un seul youtubeur, pas un seul ouvrage d’un auteur qui apporte la moindre correction à ce qui se dit au sujet du trading dans le football.

Je l’ai dit et le répèterai encore. Le football et son organisation politique, sociale et économique, c’est une vieille histoire.

Ainsi, selon la doxa médiatique et la toile internet, le trading se serait matérialisé il y a presque deux décennies. Ce système qui repose sur l’achat par les clubs de jeunes joueurs à “fort potentiel”, pour les vendre après une ou deux années passées sur les terrains avec une plus-value espérée par le club vendeur.

Application

Le trading a toujours existé dans le monde du football. Il s’est matérialisé dès que le football a basculé progressivement dans le professionnalisme. Avant le deuxième conflit mondial, on ne compte pas les clubs qui acquièrent un jeune joueur en devenir ou bien confirmé, pour le cédé aussitôt après quelques rencontres disputées dans des compétitions mineures.

Poulet

Alors qu’il est l’objet d’un litige qui met aux prises quatre clubs au sujet du droit de propriété du joueur, Alfredo Di Stefano découvre qu’il n’est qu’un joueur secondaire aux yeux des dirigeants catalans. Acquis dans le but de disputer quelques rencontres sous le maillot du FC Barcelone dans l’espoir d’être revendu en Italie. Une pratique courante pour l’époque. Dès lors, le poulet-frite devient réceptif au discours de Santiago Bernabéu qui finira par  le tirer d’une position inconfortable.

Trading de masse

À l’orée des années soixante, l’Inter de Milan se hisse sur le toit de l’Europe et du monde. Derrière cette réussite, on découvre Angelo Moratti, un entrepreneur italien spécialisé dans les hydrocarbures et l’entraineur du club lombard Helenio Herrera dont la renommée dans le monde du football n’est plus à faire. Tout semble avoir été dit sur le management, les méthodes et la culture jeu mis au point par celui qui ne laisse personne indifférent.

Pourtant, Herrera a eu recours en son temps à la technique du trading pour non bâti son équipe, mais pour faire marcher le club économiquement. Durant l’ère Herrera, soit sept années, ce dernier enregistre l’arrivée de soixante-dix-sept joueurs et cinquante-cinq sont cédés en retour.

Si Herrera ne change pas grand-chose à son onze de base et son bloc de joueur durant ses sept années de présence sur le banc de l’Inter, l’ensemble de ses joueurs secondaire alignée dans des rencontres amicales, des tournois et en coupe d’Italie, mais rarement en championnat et sur la scène européenne. Ses joueurs, après avoir disputé quelques rencontres sous le maillot noir et bleu, sont transférés dans des clubs annexes avec une petite plus-value à la clé pour le club de l’Inter.

Cinquante-cinq joueurs en sept ans, soit presque huit joueurs par saison. Rares sont les clubs de nos jours qui peuvent tenir une telle moyenne.

Ce phénomène d’achat et vente massive de joueurs de second niveau est à la même époque observable en Angleterre. Entre équipes de réserve et de joueurs en  attente, le trading est déjà en action dans bien des plus gros clubs du championnat anglais. Une vieille histoire, tout simplement…