Finir à Davos

Il y a presque deux décennies, je m’étais amusé à me joindre à un forum de discussions consacré au football anglais, plus précisément au club d’Arsenal. J’avais eu la malencontreuse idée d’égratigner le manager général en place de l’époque, Arsène Wenger…

Malgré un exposé détaillé, j’eu droit à une flopée d’insultes. Avec le temps, je préfère en rire, non parce que le temps m’a donné raison, car il n’est pas bien difficile à condition de ne pas d’être cloisonné, d’accéder à la vérité. Rire, car l’opposition qui me faisait face n’était pas apte ou ne voulait pas accéder à ce type d’information.

Wenger est une sorte de poisson-pilote pour moi. L’écouter a été une source d’inspiration et de réflexion énorme. Dans sa biographie, il a la même reconnues certaines choses que j’avais déjà diagnostiquées chez lui dont son appétence à tout effacer, tout raser, simplifier le jeu, jusqu’à le rendre inintelligent.

À la manière d’un Bielsa dans d’autres domaines, Wenger est un éclaireur qui mène le monde du football professionnel, le jeu tout particulièrement vers un no man’s land. Mieux encore, le coach alsacien est désormais haut cadre de la FIFA avec la main sur les questions portant sur le jeu.

J’ai encore en mémoire ses saillies répétées lorsqu’il était manager d’Arsenal. Son équipe avait perdu dans le cadre d’un match de championnat face à Stoke City le tout dû aux touches longues de Rory Delap, joueur de Stoke. Furieux,  vindicatif, Wenger avait laissée transparaitre son vrai visage, sa façon de voir le football…

Tout ce qui est source de créativité, qui produit l’imprévu doit être interdit. Tel fut sa réponse à un geste anodin. Certes, les joueurs qui produisent de longues touches, qui dribblent dans la surface de réparation, qui marquent sur des têtes plongeantes ou sur des reprises acrobatiques, ne sont plus légion, la faute à ses sécateurs fanatiques, obsédés par le fait de proscrire tout geste qui entame la marche de leur vision du jeu.

Oui, l’imprévu doit être interdit !

A la tête du FIFA Technical Study Group, le sieur Wenger tient désormais salon.

Davos, un centre de gériatrie pour vieillards pervers proche de la fin, a ouvert ses portes au cadre-vedettes de la FIFA. Il n’y a rien de bien surprenant dans cette attitude.

Ses gens qui se font les relais des décideurs de l’économie mondiale (comprendre la société du dividende) ont tous en commun d’être âgés. Ils incarnent le pire de la droite et la gauche du capital. Toutes leurs idées sont le fruit de haine qui les habite. Ils distillent la peur, la rage, la violence sous couvert de modernité, leur nombreux programmes, condamne les générations futures. Certains patrons de multinationales US qui financent la vie de ses agents du diable feraient mieux de s’interroger sur ce qu’ils répandent…

En attendant, la FIFA a toute sa place dans cet entre soi de luxe.  Elle œuvre depuis longtemps à détruire le football, elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin…

Les nouvelles règles qui vont grandement contribuer à rabaisser le niveau de jeu dans le but de continuer à favoriser la circulation intense de joueurs standardisés, d’ici à quelques années vont affluer. Des directives qui vont détruire définitivement l’esprit du jeu.

Côté presse, il n’y aura aucune critique réelle, des postures ici et là sans grande importance, quelques médias remettront en question le bien-fondé de ses nouvelles dispositions, mais sans en faire un combat de première importance. Quant à l’ensemble des techniciens les plus huppés, ils  acquiesceront sans dire un mot, comme ils l’ont toujours fait.

Finir à Davos, tel est le destin du football…