Le jour où Bryn Jones à fait sauter la banque
Bryn Jones voit le jour en 1912 à Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Ce jeune gallois issu d’une famille de cinq enfants pratique le football dès sa plus tendre enfance. Chez les Jones on est plutôt doué pour la pratique du football. Les cinq frères deviennent tous professionnels et connaissent des fortunes diverses au cours de leur carrière. Bryn est le cas le plus intéressant, car il va déclencher sans le savoir une tempête à travers tout le pays.
Adolescent, Byrn intègre tour à tour, les équipes de Merthyr, de Glenavon et Aberaman Athletic. C’est sous les couleurs de ce club qu’il est repéré par un scout de Wolverhampton durant l’année 1933. Byrn Jones signe pour la somme de 1500 livres pour les loups.
Durant les cinq années suivantes, Byrn Jones aligne cent soixante-trois matches de championnat avec un total de cinquante-deux buts inscrits. Jones fait ses débuts en sélection pour le Pays de Galles. En 1936, il participe activement au Molineux Stadium, l’antre des loups de Wolverhampton à la victoire contre l’Angleterre par deux buts à un. Jones est un excellent joueur qui ne fait jamais défaut à ses coéquipiers. Il évolue en soutien de ses attaquants et devient une référence à son poste.
Jones fait sauter la banque
En août 1938, George Alison le manager général du club d’Arsenal qui succéder à Herbert Chapman, prend la décision de remplacer un de ses joueurs clé, Alex James en fonction de son âge avancé. Alison jette son dévolu sur Bryn Jones. Les pourparlers entre les deux clubs sont rapides. Le board d’Arsenal offre la somme de 15 000 livres – 1 million de livres actuel – aux dirigeants des Wolves. Le montant de la transaction peut paraître dérisoire de nos jours vu les sommes colossales qui alimentent le football anglais professionnel. Néanmoins, l’économie du football était bien différente à cette époque. Cette transaction ne passe pas inaperçue.
Le parlement s’en mêle
Dix ans auparavant, le club d’Arsenal appelé la banque d’Angleterre avait déjà établi le record d’un transfert sur le sol britannique. David Jack joueur de Bolton avait rejoint Arsenal pour la somme de 10 896 livres. Le transfert de Bryn Jones vu la situation économique qui sévit dans l’ensemble du pays ne passe pas. Les politiques s’emparent du sujet et le cas de Bryn Jones est débattu à la Chambre des communes. Quant à la presse, elle se montre véhémente avec les mœurs qui régissent le football anglais.
Bryn Jones vit mal cette situation. Certains de ses nouveaux coéquipiers s’interrogent sur sa venue à Highbury dont Cliff Bastin attaquant vedette des Gunners. Les débuts de Jones sont excellents, mais au fil des mois, ses prestations sont moins convaincantes. Jones n’a guère le temps de prouver qu’il peut être le joueur que tout le monde attend.
L’année suivante, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne. L’ensemble des forces vives est mobilisé. Jones se retrouve dans le corps de la Royal Artillery. Le conflit désorganise l’ensemble du football britannique. Jones réintègre la formation d’Arsenal après la fin des hostilités, mais il a trente-quatre ans. Il est resté inactif durant plusieurs années. Jones s’entraîne et retrouve peu à peu ses facultés, mais il n’est pas aligné en équipe première. L’homme qui avait défrayé la chronique dix plus tôt en fonction de son transfert jugé indécent pour l’époque évolue avec l’équipe réserve d’Arsenal. Il joue peu au sein d’une formation qui enlève le titre de champion d’Angleterre. En 1948, il connaît un dernier honneur. Dans le cadre du Charity Shield, il inscrit le but de la victoire face à Manchester United. Malgré cette présence, il reste un joueur de réserve.
Bryn Jones connaît une fin de carrière assez bizarre. Alors qu’il est en tournée au Brésil avec son club d’Arsenal, il affronte le Vasco de Gama, « l’expresso da Vitória », une des meilleures équipes de club au monde.
À la fin de la rencontre, les spectateurs envahissent le terrain. Dans l’affolement général, un policier frappe de manière accidentelle le gallois. Gravement atteint, il met un terme à sa carrière suite aux recommandations des médecins puis fait une dernière pige pour le club de Norwich. Bryn Jones rend une feuille bien maigre avec un total de soixante-quatorze rencontres disputées pour sept réalisations pour le compte du club d’Arsenal. Jones ne fut pas aidé par la chance. Comme beaucoup de joueurs de son époque, sa carrière a été écourtée par le conflit mondial. Enfin d’après certains de ses coéquipiers, il était trop sage et introverti pour répondre aux attentes de son transfert. Jones meurt en 1985.
Une histoire d’une autre époque, en apparence….